Anoblissement d'Alyanne, de Brehamont et de Guidel.

Premier séjour en terres guillestrines... et première grande cérémonie. Et quelle cérémonie ! Elle avait assisté à de nombreux anoblissements, officiels ou privés. Par deux fois, elle avait elle-même posé genoux à terre et juré sur le livre des Vertus. Elle se souvenait de la grande joie qui l'avait envahie en ces instants mais surtout de l'extrême fierté qu'elle avait ressentie, particulièrement lors de l'octroi des terres de Jaillans...

Tandis qu'elle se baladait dans l'église en promenant son regard béat sur les ornements installés pour l'occasion tout en laissant ses pensées vagabonder dans ses souvenirs, elle soupira d'aise. La journée s'annonçait particulièrement belle et riche en émotions.

Elle balaya la nef du regard puis se retourna vers Miridan, l'intendant qu'elle avait pris à son service pour veiller à la bonne gestion de ses terres de Guillestre.

Eh bien, eh bien, en voilà du bel ouvrage ! Maistre Miridan, je vous félicite : voici notre église parée comme il se doit pour l'évenement qui se prépare...

Elle fit un tour lent sur elle-même pour admirer encore une fois toute la richesse du décor puis annonça d'un air joyeux :

Que l'on fasse entrer les invités et les héros -ainsi que les hérauts- du jour...

Toujours en tenant tendrement la main d'Alyanne dans la sienne, Walan s'avança sur le parvis de l'église. En voyant Freyelda, le Capitaine eut un sourire.

Bonjour à toi mon amie.
Comme toujours, tu as organisé superbement les choses, complimenta le seigneur de Meyrieu en observant l'église.

Alors que sa promise contemplait les ornements également, Walan se pencha vers son amie pour lui souffler quelques mots à l'oreille.

Sois mille fois remerciée pour tout ce que tu fais pour nous Frey.

Voyant que sa bien-aimée semblait devenir plus anxieuse à l'approche de la cérémonie, le jeune homme alla la prendre doucement dans ses bras pour la rassurer et l'assurer de son amour ...

Sa main dans celle de Walan, Alyanne s'avançait lentement dans l'église. Tandis que son promis parlait avec Freyelda, la jeune femme contemplait les ornements.
Elle se tourna vers la maîtresse des lieux et la salua d'un sourire.

Je ne te remercierais jamais assez pour cela, Freyelda...

Un homme, inconnu à Alyanne, vint s'incliner devant la Vicomtesse. La jeune femme déduit que devant elle devait se trouver le dénommé Guidel, Freyelda l'ayant prévenu que la cérémonie serait commune à trois annoblissement.

D'ailleur, en pensant à l'annoblissement, Alyanne eut un petit regard anxieux envers Walan. Le jeune homme le remarqua et, la connaissant bien, la prit dans ses bras ce qui eut pour effet d'apaiser totalement la jeune femme.

Conservant ses facheuses habitudes d'ancien lieutenant de police, Brehamont prit le chemin de l'église apres avoir fouiné un peu partout dans le domaine de Guillestre. Son arrivée ne fut pas sans être remarquée, les deux autres prétendants à l'anoblissement étant déjà là. Se dirigeant vers les personnes présentent, il observa avec attention l'ornement dont était paré Notre-Dame d'Aquilon. La vicomtesse avait toujours su s'entourer d'intendant de qualité, et une fois de plus preuve en était faite.....

Saluant le vaillant capitaine de l'OST et sa mie, puis Guidel, Fhar et Argael, il se tourna vers sa vicomtale amie s'inclinant légèrement pour la saluer.

Je vous prie de bien excuser mon retard, mais les allées du domaine sont bien plus grandes que mes prévisions l'eussent laissé pensée.......
(Frey je tacherais de passer sur mésange pour te parler demain..........

La vicomtesse commençait à s'inquiéter : et si les gardes de la Tour Guillaume, qu'elle ne connaissait que peu encore (et qui ne connaissaient aucun de ses proches) faisaient un excès de zèle et refusaient l'accès aux hôtes qui avaient été conviés en ce jour ? L'arrivée du seigneur de Meyrieu et de sa jolie promise quelques instants plus tard firent s'envoler ses craintes. Après tout, Guillestre était bien loin des terres maubelanes où se déroulaient, d'ordinaire, ce genre de cérémonie.

Elle s'approcha de Walan et d'Alyanne, tendrement enlacés, avec un grand sourire au coin des lèvres et les salua chaleureusement.

Bonjour mes chers amis. Prenez donc place, nous n'allons pas tarder à commencer... Vous pourrez profiter de la décoration effectivement somptueuse de Notre-Dame-d'Aquilon, décoration qui ne me doit absolument rien, soit dit en passant, car elle est l'oeuvre de mon excellent intendant guillestrin, Maître Miridan.

Elle se pencha ensuite vers Walan et lui murmura en retour :Ne me remercie pas, tu aurais fait exactement la même chose à ma place, je me trompe. Puis elle fit de même à l'oreille d'Alyanne : Allons, n'aies nulle crainte. Tout se passera bien, nous sommes entre nous... Et puis si moi j'ai survécu, par deux fois, à la chose, c'est que tout le monde peut le faire. ajouta-t-elle dans un rire.

Elle s'excusa auprès des deux jeunes gens pour aller saluer un homme qui venait d'entrer mais qu'elle ne connaissait pas -sans doute convié par Guidel, pensa-t-elle- et se présenter à lui comme le voulait l'usage.

Elle se dirigea ensuite vers un nouvel arrivant en qui elle reconnut immédiatement le seigneur de Saint Giraud.

Argael, cher ami, quel plaisir de te voir ici. Comment se porte notre Bailli ? J'imagine que la cérémonie d'aujourd'hui doit te réjouir grandement, je sais à quel point Guidel et toi êtes proches... Et à quel point tu aimes à voir les gens méritants être récompensés. Allons, allons, ne reste pas si loin de l'autel. Approche toi un peu pour profiter pleinement de l'évènement : c'est un jour important pour cet ami que nous avons en commun. Tiens d'ailleurs, le voilà justement qui arrive...

Elle se mit un peu en retrait afin de laisser le Grand Maître des Lances saluer ses amis et invités et lui adressa un grand sourire tandis qu'il avançait vers elle pour la saluer.

Bien le bonjour, mon cher Guidel, je te remercie pour tes compliments mais je crains hélas qu'ils ne soient guère mérités, comme à l'accoutumée. Je ne suis pas pour grand chose dans la qualité des hôtes, tu en es tout autant l'artisan que moi. Quant à la décoration et comme je l'expliquais tantôt au Capitaine, tout le mérite revient à mon intendant, Maître Miridan, que tu peux apercevoir là-bas. Quant à Dauphiné, il ne devrait plus tarder : il termine de s'apprêter pour la cérémonie dans la sacristie. Il nous manque seulement un dernier candidat à l'anobl...

Francesca se tut en voyant entrer le troisième et dernier héros du jour.

Eh bien non, je n'ai rien dit : il tombe à pic pour me faire mentir. Hi hi.

Laissant Guidel prendre place dans l'église, elle salua Brehamont avec un franc et bienveillant sourire : le moment de faire reconnaitre au monde les mérites de cet homme et de lui témoigner sa profonde amitié -affection quasi fraternelle- n'avait que trop tardé.

Ne t'en fais pas mon ami, j'avoue m'être égarée dans les couloirs moi aussi. Heureusement que mon intendant veille.

Se gardant bien de lui demander des nouvelles de son épouse ni même si celle-ci oserait se présenter en ces lieux, en ce jour, elle poursuivit :

Allons, viens, maintenant que tout le monde est là, nous allons pouvoir commencer.

C'est le moment que choisit Carnil pour se joindre à l'assemblée et se placer devant l'autel. La dame de Jaillans alla donc se placer, comme il se devait, à côté de son suzerain non sans lui avoir adressé son plus beau sourire.

Elle prit une grande inspiration pour tenter, vainement, de calmer les battements de son coeur qui devenaient de plus en plus forts et rapides, à mesure qu'un silence solennel tombait sur l'assistance. Elle avait assisté à de nombreux anoblissements, en avait été au centre par deux fois déjà mais jamais elle ne s'était retrouvée de ce côté là de la barrière.

D'un geste de la main, elle invita Alyanne à se lever et à venir la rejoindre. Quand la jeune femme fut face à elle, elle jeta un dernier regard à Carnil, pour se rassurer quant au déroulement de la cérémonie, puis demanda, d'une voix douce mais claire :

Alyanne, mettez un genou à terre, face à moi.

Les mots que murmura Freyelda à son oreille valurent un petit sourire à Alyanne. D'un hochement de tête approbateur, elle acquiessa. Lorsque la vicomtesse les laissa seuls, elle et Walan, pour saluer les autres conviés, la jeune femme se pencha vers son promis pour lui souffler.

J'ai une curieuse impression de déjà vu... Mais les rôles se sont inversés cette fois.

Elle se redressa, prenant une expression un peu rieuse pour mieux dissimuler la nervosité qui la gagnait peu à peu. Malgré cela, Walan devinait l'anxiété de sa promise et serra doucement sa main.
Enfin, Freyelda prit place à côté de Carnil, devant l'autel, avant d'inviter Alyanne à la rejoindre d'un geste de la main.

Tandis qu'elle se levait, lâchant ainsi la main qui l'apaisait, elle jeta un regard plein d'anxiété à Walan qui lui répondit par un sourire qu'il voulut encourageant. Tentant veinement de calmer son coeur qui battait la chamade, la jeune femme s'avançat lentement, se mit face à la vicomtesse et posa un genou à terre.

Francesca regarda la "belle dame", comme Walan aimait tant à l'appeler, quelques instants avant de poursuivre en ces termes.

Alyanne, vous êtes une jeune femme discrète mais néanmoins présente et je ne sais que trop bien tout ce que l'on peut accomplir dans l'ombre d'un homme que l'on aime. Je vous tiens en grande estime car vous avez rendu l'espoir à celui que je considère comme l'un des mes propres frères. Ce sourire que je n'avais jusqu'alors jamais vu sur son visage, c'est à vous qu'il le doit et pour cela, je n'aurai de cesse de vous remercier.

Pour tout ceci et parce que c'est là ma façon de vous féliciter, un peu en avance, pour votre prochaine union et de vous aider à prendre un bon départ dans cette si belle aventure qu'est le mariage, moi, Francesca-Amalya d'Avencourt, vicomtesse de Guillestre, souhaite vous octroyer les terres de la seigneurie de Saint-Clément-sur-Durance.

Acceptez-vous ceci ?

Un genou à terre, et après avoir prit une grande inspiration, Alyanne répondit.

Oui, je l'accepte.

A son grand étonnement, sa voix ne trembla pas. Au contraire, elle ne décela aucune hésitation.

La vicomtesse sourit de plus belle en voyant une Alyanne étonnament confiante, sûre d'elle et sereine. Elle fit un pas en avant pour prendre les mains de la jeune femme dans les siennes, conformément à l'usage et poursuivit :

Etes vous prête à être ma femme, sans réserve ?

En voyant le sourire de la vicomtesse, Alyanne eut elle même une expression plus tranquille. Les mains dans celles de Freyelda, la jeune femme hocha lentement la tête et répondit d'une voix sûre.

Oui, je le suis.

Francesca prit une inspiration un peu plus profonde, adressa un petit sourire gêné, quasiment en signe d'excuses à Alyanne puis se pencha vers elle afin d'effleurer ses lèvres avec les siennes, scellant ainsi leur lien vassalique par le baiser d'amitié, conformément à la tradition.

Elle se releva puis poursuivit, invitant Guidel qui remplissait à merveille ses fonctions de poursuivant d'armes, à approcher le Saint Livre des Vertus de la jeune femme agenouillée devant elle.

A présent, je vous demande de prêter serment sur les Saintes Ecritures. Me jurez-vous assistance, conseil et fidélité ? Jurez-vous de veiller sur les terres de Saint-Clément-sur-Durance ?

Alyanne, un brin gênée par le baiser de Freyelda, sentit le rouge lui monter légèrement aux joues, ce qui finalement s'estompa bien vite.

Guidel vint porter le Livre des Vertus à sa hauteur, la jeune femme prit une grande inspiration, autant pour se donner du courage que pour se calmer, avant de déclarer.

Moi, Alyanne, prête en ce jour serment sur les saintes écritures aristotéliciennes du Livre des Vertus.
Je jure devant Christos de porter assistance, conseil et fidélité à Francesca Amalya d'Avencourt, vicomtesse de Guillestre. Je promets sur mon honneur de veiller sur les terres de Saint Clément sur Durance qui me sont octroyées.

Charles assistait à la cérémonie avec plaisir, il les trouvait à chaque fois toutes aussi belles les unes que les autres. Du moins, lorsqu'elles lui semblait censé. L'hommage, le lien entre un vassal et son suzerain était quelque fort, d'important, autant sinon plus que le mariage. On ne s'engageait point à la légère ou pour des intérêts quelconque.

Tout se déroulait parfaitement, le cérémonial était respecté à la lettre. Le duc sourit au futur Dauphiné lorsque celui-ci tendit le livre des vertus qui lui avait été confié pour l'occasion. Il se tourna alors vers Frey lorsque sa vassale eut prêté serment.

" Votre Grandeur, entama t'il d'une voix claire, promettez vous de protéger dame Alyane ci présente, si le besoin s'en faisait sentir? "

Francesca tourna légèrement la tête en direction de Charles et lui adressa un large sourire avant de se retourner de nouveau vers Alyanne qu'elle regarda droit dans les yeux.

" En tant que votre suzerain, je vous fais le serment de vous protéger, de vous porter secours et vous venir en aide, que ce soit par ma simple présence, mon assistance financière ou militaire, ce en tout temps, tout lieu et toute circonstance. "

Puis elle se recula d'un pas afin de laisser Dauphiné terminer la cérémonie.

Guidel, échangeant un regard entendu avec Freyelda, recula aux côtés de la vicomtesse avec le livre des vertus qu'il tenait toujours.

Il tiqua un peu en entendant les portes de la chapelle grincer sur leurs gonds pour faire apparaître une jeune dame qui eut la décence de ne point se faire remarquer... La cérémonie n'était donc pas perturbée et pouvait suivre son cours.

Charles fit alors face à Alyane.

" Debout, dame de Saint-Clément-sur-Durance ! Je vous remets devant cette noble assemblée votre couronne accompagnée d'un tabard à vos nouvelles armes. "



" Puissiez vous les porter avec fierté et honneur ! "

Sur ce, il lui remit un parchemin attestant de l'hommage qui venait de se dérouler.

Citation :

Que tous, tant présents qu’à venir, sachent que dame Alyane, a accepté de Francesca Amalya, Vicomtesse de Guillestre, tout ce qu’elle possédait dans le castel et en les terres de Saint-Clément-sur-Durance
sises dans le Vicomté de Guillestre, et de sa propre volonté, ayant joint ses mains aux siennes, elle est devenue vassale de la Vicomtesse de Guillestre, et a juré à icelle, sur le Livre des Vertus, du fond du cœur, fidélité et avec son castel contre tout homme au monde, et devra l’aider, de guerre et de plaid.

Et la Vicomtesse lui assura protection, justice et subsistance sur ses terres.

Alyane devient donc Dame de Saint-Clément-sur-Durance
et portera "D’azur à une tour d’argent maçonnée ajourée et ouverte de sable, posée sur une terrasse de sinople".



Ceci s’est déroulé à Guillestre, à la Pasques de l’An de Grâce Mil Cinq Cent Cinquante Six en présence du Héraut de Dauphiné.

Alyanne s'était relevée pour recevoir ses armes des mains de Dauphiné : la vicomtesse sentit une immense fierté ainsi qu'une vive émotion en regardant la scène. C'est à ce moment là qu'elle prit pleinement conscience des enjeux de la cérémonie, du fait qu'elle était passée, sans s'en rendre compte, de l'autre côté de la barrière... Que de chemin parcouru ! A présent, elle ne se sentait plus concernée par le du destin de cette jeune femme qu'elle appréciait énormément : elle s'en sentait responsable.

Avant que celle qui était la dame de Saint-Clément-sur-Durance n'allât rejoindre son bien aimé, elle s'approcha d'elle, lui prit les mains avant de la serrer rapidement et doucement dans ses bras, profitant de l'occasion pour lui chuchoter au creux de l'oreille :

Soyez heureux maintenant...

Elle la regarda d'éloigner dans un sourire puis se tourna, le visage toujours aussi radieux, vers Dauphiné et son poursuivant.

Poursuivons...

Elle prit une légère inspiration avant de dire d'une voix solennelle :

Messire Guidel, à genoux...