La chambre de Freyelda... pour quelques jours encore

Cela faisait maintenant une bonne semaine que toutes les affaires d'Alynerion et de Freyelda étaient arrivées au château de Maubec. Freyelda n'en revenait toujours pas : la cérémonie d'anoblissement, la découverte des armoiries et l'arrivée à Maubec, dans cet édifice somptueux qu'était le château des Roches... Tout cela ressemblait étrangement à un rêve et Freyelda souhaitait ne jamais se réveiller si tel était le cas.

Margaux, la suivante, avait tout d’abord commencé par faire installer les affaires de sa maîtresse dans la chambre du baron ce qui avait beaucoup choqué la pudibonde bourgmestresse.

Allons donc ! Prendrais-tu tes maîtres pour des dévoyés, jeune sotte ! Que nenni ! Nous ne sommes point encore mariés que je sache, bien que cela ne saurait tarder, je te l’accorde.

Freyelda avait alors longuement réfléchi. Elle ne voulait pas non plus mettre le château sans dessus dessous pour quelques jours. Aussi avait-elle décidé de s’installer dans une chambre annexe pour les quelques jours qu’il lui restait avant de devenir réellement la maîtresse des lieux.

Margaux avait protesté, trouvant la chose indigne voire plus inconvenante que d’installer les affaires de la dame de Vénissieux dans la chambre de son promis. Mais Freyelda l’avait rassurée en souriant : tout ceci n’était que temporaire.

Chaque chose en son temps, Margaux, chaque chose en son temps...

Freyelda n’avait fait ramener dans le pavillon des invités que le strict minimum et une fois installée, elle s’empressa de sortir de grandes étoffes blanches aux broderies dorées d’un petit coffret de bois qu’elle emmenait partout avec elle ces derniers temps. Il ne lui restait plus que quelques jours pour terminer, il fallait absolument que tout soit prêt à temps : elle visiterait les moindres recoins du château des Roches un peu plus tard. Aussi elle ne perdit pas plus de temps et se mit à l’ouvrage.

Alynerion était rentré très tard une fois de plus. En arrivant au château des Roches il menda des nouvelles de sa fiancée et de son installation et fut surpris de savoir qu'elle avait posé ces bagages dans la pavillon des invités plutôt que de prendre une chambre à l'étage comme à Fontager. Il y avait suffisamment de chambre disponible sans s'installer dans un pavillon annexe, même si la belle ne voulait pas faire chambre commune avec le baron avant le mariage. Il lui en parlerait demain, pour l'heure sa tendre aimée était endormie. Le chambellan resta quelques minutes à la regarder dormir, elle était tellement belle, tellement paisible et sereine malgré les tracas de la mairie.

Finalement le baron quitta la pièce silencieusement, prendre également un peu de repos.

Nombre de messages : 34 Localisation : Maubec Date d'inscription : 10/12/2006

Aujourd'hui était le grand jour. Le château des Roches était en effervescence : tout le monde s'affairait à terminer les derniers préparatifs. Le mariage avait lieu dans quelques heures à peine. Après avoir aidé à installer les fleurs dans l'église, Margaux avait laisser Gilles, le jeune page du baron, en finir avec les décorations de la chapelle.

Il fallait maintenant aider la mariée à se préparer. Margaux frappa doucement à la porte de la chambre.

Madame, c'est moi, c'est Margaux. Il est temps de vous préparer maintenant.

Freyelda était dans sa chambre, assise dans son fauteuil, perdue dans ses pensées. Enfin ça y était : ce jour qu'elle avait tant attendu était enfin arrivé. Cependant, l'impatience de ces derniers jours avait maintenant laisser place non pas à de l'apréhension ou de la nervosité mais au contraire, à une sorte de plénitude tranquille, d'assurance paisible. Jamais elle n'avait été aussi sûre d'elle et de ses choix qu'en ce jour. Dans quelles heures, elle épouserait l'homme qu'elle aimait, c'était aussi simple que cela ; et cette seule pensée l'apaisait tout à fait.

Rien d'autre ne sembalit avoir d'importance. La cathédrale Saint Maurice avait pourtant été détruite dans la nuit, ravagée par un terrible incendie. En temps normal, cette nouvelle l'aurait boulversée ; mais aujourd'hui, en cet instant, elle n'en avait cure, toute plongée qu'elle était dans son égoïste béatitude.

Son regard se posa sur sa robe de mariée.

Elle était fière de son travail, sûrement à juste titre d'ailleurs : cela faisait des semaines qu'elle travaillait à sa confection. Et aujourd'hui elle allait enfin pouvoir la porter.

Freyelda fut tiré de ses rêveries par la voix de Margaux :

Madame, c'est moi, c'est Margaux. Il est temps de vous préparer maintenant.

La jeune femme regarda par la fenêtre : le soleil était déjà bien haut dans le ciel. Sa jeune suivante avait raison, il était grand temps.

Entre donc Margaux, tu arrives à point. En effet, il faut que je songe à me préparer, je ne vais pas aller me marier en tenue de bourgmestre.

Et les deux femmes de partir d'un grand éclat de rire. Oui, ce mariage s'annonçait bien.

L'heure était venue, Margaux était venue la chercher : le prêtre était là et les invités avaient rejoint l'église Saint Bonaventure.

Freyelda s'était levée, toujours aussi calme. Avant de se mettre en route pour l'église, elle jeta un regard derrière elle et contempla une dernière fois cette chambre qui ne serait désormais plus la sienne.