Chambre de Miridan

Sujet: Chambre de Miridan Jeu 2 Oct 2008 - 21:48

Aliénor faisait les cent pas dans la Chambre Verte en y attendant son hôte inattendu. Elle fulminait contre son intendant qui avait jugé bon d'attendre jusqu'au matin avant de lui dire qu'un homme blessé, se faisant appeler Miridan demandant asile et audience. La réaction de la damoiselle fut immédiate et haute... en décibels. Après avoir gratifié le pauvre homme de quelques noms d'oiseaux tout à fait charmant, elle avait ordonné à ce que l'infortuné visiteur soit amené et installé dans une des chambres du château.

- Mais c'est qu'il peut à peine marcher, Ma Demoiselle...

- Et bien portez-le sur votre dos, Etienne ! Et faites quérir mon physicien. Plus vite que cela !

Miridan... Ce nom était bien loin de lui être inconnu. Sans soute apportait-il des nouvelles de Brehamont, son maître, qui était lui aussi porté disparu depuis des mois.

Étaient-ce, encore, de sombres nouvelles que l'on venait lui annoncer ?

Sujet: Re: Chambre de Miridan Dim 5 Oct 2008 - 20:49

Escorté par Etienne et soutenu par les deux gardes, la traversée du domaine de guillestre fut en sommes fort pénible pour Miridan. L'accès à l'étage encore plus......Maintes fois, les soldats engoncés dans leur cotes de mailles révélaient une certaine maladresse, gratifiant le pauvre homme à des choques fort douloureux, tantôt sur le mur, tantôt sur la rambarde de l'escalier.......

Enfin, au bout du corridor apparait l'entrée de la chambre. C'est en trouvant une jeune femme, dont les cent pas trahissait énervement, anxiété et empressement de savoir ce qui pouvait bien amené l'ancien intendant, que celui ci pénétra dans la pièce sobrement décorée de tenture verte...........Baissant légèrement la tête....

Ma Demoiselle, que le bon jour vous sied.........Grand plaisir à vous revoir. Sans doute ne vous rappelez vous pas de votre humble serviteur qui vous a quitté il faut dire très tôt dans votre jeunesse........

Sur les conseils de son meistre et après les politesses d'usages, Miridan attendit tête basse qu' Alienor pris paroles.

Sujet: Re: Chambre de Miridan Lun 6 Oct 2008 - 23:07

Aliénor adressa un sourire empli de tendresse à son hôte inattendu.

Maître Miridan, j'ai hérité de mes illustres parents de biens de leurs qualités. La mémoire en est une.

Son regard malicieux se fit plus sérieux tandis qu'elle fit signe à ses apothicaires d'examiner de plus près les blessures de l'infortuné intendant de Risoul.

Permettez que mes gens s'occupent de panser vos blessures. Si elle était là, Mère ne souffrirait pas ce que je vous laisse ainsi... Grand Dieu... mais que s'est-il donc passé ? Qu'est-ce qui a bien pu vous mettre dans pareil état ? Et Brehamont... enfin je veux dire le Seigneur de Risoul ? Qu'est-il advenu de lui ? Je ne vous cache pas que sa disparition accable encore un peu plus la maison d'Avencourt qu'elle ne l'est déjà...

Sujet: Re: Chambre de Miridan Mar 7 Oct 2008 - 18:49

Maître Miridan, j'ai hérité de mes illustres parents de biens de leurs qualités. La mémoire en est une.

Son regard malicieux se fit plus sérieux tandis qu'elle fit signe à ses apothicaires d'examiner de plus près les blessures de l'infortuné intendant de Risoul.

Permettez que mes gens s'occupent de panser vos blessures. Si elle était là, Mère ne souffrirait pas ce que je vous laisse ainsi... Grand Dieu... mais que s'est-il donc passé ? Qu'est-ce qui a bien pu vous mettre dans pareil état ?

D'un geste de la main en direction des physiciens de Guillestre..........

Allons messires, revenez plus tard........Ces suintantes cicatrices ne sont plus que de vagues souvenirs, elles peuvent bien souffrir d'attendre vos soins encore quelques temps. Pour l'heure je me dois d'entretenir notre jeune maitresse sur ces mésaventures qui ont, par quelques sévices, retenue mon seigneur loin de ses terres trop longtemps..........Veuillez nous laisser seuls et pour me guerrir, ne revenez que quand on vous le fera savoir..........

L'intendant de Risoul savait s'y entendre pour se faire obéir. Depuis fort longtemps au service de son meistre, il avait su acquérir l'autorité nécessaire apprise en suivant l'exemple du seigneur de Risoul.........Les apothicaires, apres un regard d'impuissance vers Damoiselle Alienor, se résignèrent et sortirent de la chambre, fermant soigneusement la porte derrière eux.......

Et Brehamont... enfin je veux dire le Seigneur de Risoul ? Qu'est-il advenu de lui ? Je ne vous cache pas que sa disparition accable encore un peu plus la maison d'Avencourt qu'elle ne l'est déjà...

Miridan se servit un gobelet d'eau fraiche que la servante avait eu soin de déposer avant son arrivée. Il invita la jeune femme à s'assoir avant, près de la fenêtre, de s'installer à son tour dans un fauteuil. Buvant une gorgée, il se racla la gorge et releva la tête fixant ce visage qui lui semblait ô combien familier........Ah si seulement Dame Freyelda pouvait être là, pensait il secretement......

Et bien, par ou commencer........tant de choses à vous narrer, tant d'évènements survenus depuis notre départ qu'il est, avec ma mémoire de vieil intendant, fort probable que j'en oubliasse la demie...............Mais je peux, si vous le souhaitez, vous rapporter les simples faits qui ont causés l'absence si longue de mon meistre..........

L'homme voyait bien l'impatience de l'ainée d'Avencourt. Tiens une des rares qualité qu'elle n'a pas héritée de sa mère, la patience. Un sourire amicale sur les lèvres, il attendit la réponse de la jeune femme..............

Sujet: Re: Chambre de Miridan Ven 10 Oct 2008 - 20:47

Aliénor considéra Miridan avec compassion : Dieu qu'il avait l'air d'avoir souffert... Elle renvoya domestiques, physiciens, chiens, chat et tout autre créature du Très Haut d'un geste discret de la main.

Puis faisant fi des usages, elle prit celle encore froide de l'intendant de Risoul, dans les siennes, aussi frêles et blanches que celles de sa mère.

Racontez-moi tout. Mais surtout, prenez votre temps. Vous êtes en sécurité ici, je puis vous le garantir.

Sujet: Re: Chambre de Miridan Mer 15 Oct 2008 - 22:04

Ces vieilles mains froides et calleuses enserrées par celle de la jeune femme, l'intendant de Guillestre commençait à narrer leur périple....

Nous partîmes un matin d'hiver, laissant au passage de Maubec un message pour dame votre mère. Pour tout vous dire, je ne sais si celui ci lui a bien été transmis. Il était de fort bonne heure, et mon meistre refusa que l'on dérange, sous peine d'être rosé, la vicomtesse dans son sommeil. La route était longue, et notre chargement ne souffrait pas d'attendre plus longtemps. Nous partions livrer cinq cent livres, pour le compte de l'hôtel de ville, de fameux poissons Viennois. Nous traversions le Lyonnais-Dauphiné assez vite. Il faut bien avouer que le seigneur de Risoul en connaît les moindres sentiers, et nous fûmes rapidement rendu en Bourbonnais...

Miridan fait un légère pause, buvant une gorgée d'eau puis reprend...

En ces terres, une brusque tempête de neve nous fit perdre plus d'une demie journée. Prenant à peine le temps de nous restaurer, nous reprenions notre route sur une allure forcée, menant notre attelage à la limite de ses capacités. Et ce qui devait arriver se produisit. Un chaos de trop, une grosse pierre, un simple trou.......Avec ce tapis de neige, en vérité je ne saurais vraiment dire ce qui a provoqué la perte de cette roue en limite de frontière du Berry. Si proche de nous et tellement éloigné....
Nous ne savions que faire. Laisser la chariotte branlante en espérant trouver secours à quelques auberges du coin ou bien essayer de faire soit même ce que seul un bon forgeron pouvait réussir. Ce sont dans nos réflexions que, par un groupe de cinq à six hommes, nous furent surpris........

Plongeant son regard dans celui d'Alienor, il soupira profondément, un air triste sur le visage...

Avant de poursuivre, il vous faut savoir que tout ce qui se produit après, est entièrement de ma faute et de ma langue trop pendu et je me demandes, si l'on pourra un jour me pardonner...
Mon meistre s'avançant au devant de ces gueux. De loin je clamais que si le Seigneur Brehamont de Risoul voulait leur aide, il saurait leur faire savoir. Sans réfléchir plus avant, ils sortirent estocs de leur fourreaux...

Qui dit seigneur dit bourse pleine et richesse à venir...

Brehamont, enfin je veux dire mon seigneur, se battu avec force et courage. C'est apres avoir occis un des malandrins, qu'il reçut un coup si dure sur la tête, qu'il s'écroula sans connaissance...
Ensuite, nous fûmes emmenés dans une vieille masure ou, on nous séquestra de longues semaines sans presque rien manger ni boire...Ces gredins prenaient plaisir à nous entailler la chaire de la pointe de leur braquemart, laissant comme vous pouvez le constater de nombreuses cicatrices. Malgré ces atroces douleurs, il ne purent extirper de nos bouches quoi que ce soit concernant les trésors de Guillestre, Risoul et autres comtés du domaine...

Ce n'est que par la providence d'un étrange voyageur que nous fumes sauvés. Nous aidant du mieux qu'il put, il nous conduisit aussi loin que possible de ce terrible lieu. Lors d'un passage à gué, mon meistre déjà bien mal en point, me secouru une nouvelle fois alors que je sombrais dans une eau glacée. Sur le chemin, il fut pris d'une toux et d'une fièvre à faire tomber un cheval. Nous nous arrêtions à une abbaye, dans un petit hameau du nom de Noirlac, ou des moines cisterciens hébergèrent le seigneur de Risoul. Me donnant consigne, je continuais chemin de retour accompagné de l'homme qui nous avait rendu espoir de vie. En chemin, et pour ne pas que je perde connaissance, il me parla longuement de lui. Nos chemins se séparèrent en entrant en Lyonnais-Dauphiné, laissant ma monture me mener seul au porte de Guillestre.....

S'arrêtant de parler, il reprit son souffle.....

Maintenant, je penses que vous savez tout. Il vous faut savoir que mon Seigneur, des qu'il recouvrera santé et force de voyager, rentrera en ces terres. Quand à notre sauveur qui vient de bien loin, son passé n'a pas sa beauté, mais quoi qu'il est fait, le Seigneur de Risoul lui a promit protection sous ses couleurs. Il fera tout pour le retrouver ........

Laissant à Damoiselle Alienor le temps de bien analyser ce qui venait d'être dit, Miridan attendait sa réaction...

Sujet: Re: Chambre de Miridan Lun 27 Oct 2008 - 22:20

La jeune fille réfléchit quelques instants puis répondit.

Brehamont de Risoul est un homme bon et sa loyauté est sans faille. C'est un homme d'honneur et je crois que toute cette histoire finirait de convaincre quiconque pourrait bien en douter.

Elle soupira.

Et bien le mieux que nous ayons à faire maintenant est d'attendre patiemment le retour du Seigneur de Risoul... ainsi que celui de sa suzeraine.

Voyant les sourcils de Miridan se froncer légèrement, elle poursuivit, l'air résigné.

Hélas Maître Miridan, je crains que les nouvelles que vous allez trouver ici ne soient guère meilleures que celles que vous apportez... Ma mère, la vicomtesse de Guillestre a été enlevée, au début du printemps dernier...

Elle entreprit alors d'expliquer longuement au pauvre blessé les malheurs qui avaient frappé la maison d'Avencourt, les bribes d'informations récoltées sur les auteurs du rapt, la commanditaire, la destination et l'endroit où Freyelda était probablement retenue prisonnière, l'héroïque traque menée par Charles de Macquart, le Seigneur d'Artas...

Elle n'entra pas dans tous les détails afin de ne pas accabler plus longtemps le pauvre homme. Lorsqu'elle eut fini son exposé, elle posa sa main sur celle de l'intendant de Risoul et lui dit en souriant doucement, à la manière qu'avait sa mère de le faire.

Mais l'important pour l'instant est que vous repreniez des forces et que vous soigniez vos blessures. Je vais maintenant vous laisser aux bons soins d'un physicien que je sais fort compétent ainsi que d'un excellent apothicaire. Dès que vous serez remis, je vous accompagnerai moi-même jusqu'à Risoul, sous bonne escorte, j'entends. Nul besoin de prendre des risques inutiles en ces temps troublés.

Que le Très-Haut nous vienne à tous en aide...

Elle se leva poliment, salua l'intendant de Risoul d'une légère révérence, ainsi qu'on lui avait appris à le faire.

Si vous avez besoin de quoi que ce soit : je vous écoute.