[Ecuries] Départ en guerre

Les deux promis descendirent silencieusement de la tour où étaient les appartements, main dans la main. En entendant le léger soupir de sa bien aimée, Walan avait serré un peu plus fort la main de celle-ci, se concentrant sur la douceur de sa peau qui semblait irradier jusqu'à son cœur.
Ils étaient restés sans rien dire jusqu'aux écuries. Le soldat s'en voulait toujours de ce qu'il venait d'annoncer à la jeune femme, malgré les efforts qu'elle faisait pour ne pas ajouter de poids sur sa conscience et essayer de rendre le départ plus facile.

Le palefrenier amena la monture de Walan, celle-là même qu'il avait lorsqu'il était partit pour l'Anjou et la Bretagne.
C'était un étalon rouan qu'il avait baptisé Aistulf et qui, s'il ne comptait pas parmi les plus "nobles" représentants de sa race, avait déjà vu plus d'un combat et toujours été un fidèle compagnon.

Avec un signe de main, le seigneur de Meyrieu signifia au serviteur de les laisser seuls, puis enlaça tendrement et longuement sa promise en lui murmurant doucement.

Ne t'en fais pas Belle Dame, je manie une épée depuis que j'ai seize ans et ce ne sera pas mon premier combat, si tant est qu'il y en ait un et que ces bandits ne fuient pas. Je m'en suis toujours sorti jusqu'à présent, et maintenant que la plus enchanteuse des femmes m'a accordé son amour, je ne crains plus rien.

Malgré ces paroles, tout deux savaient que Walan n'avait plusieurs fois échappé à la mort que par la grâce d'Aristote -ou par simple chance- et que rien ne garantissait que celle-ci durerait, mais le soldat se voulait rassurant et aimant envers cette femme qu'il aimait tant.

Chaque minutes qui s'écoulaient semblaient passer trop, bien trop rapidement. Inévitablement, l'heure du départ se rapprochait, et malgré cela, la jeune femme resta de longues minutes plongée dans le regard de son soldat. A la vue de l'étalon de Walan, Alyanne sentit son coeur se serrer.
Sans s'en rendre vraiment compte, elle se serra un peu plus contre lui et dans un souffle, elle lui murmura doucement.

Je vais te mettre en retard ainsi...

Elle regretta soudainement d'avoir voulu l'accompagner. Qu'importe que fûssent ses efforts pour dissimuler ses regrets, ne voulant pas rendre son départ plus douloureux qu'il ne l'était déjà, Walan, la connaissant bien, avait dû le remarquer.
Sans se départir de sa tendresse, elle passa doucement sa main sur son épaule.
Avec un sourire qu'elle aurait voulu taquin, elle reprit.

On va m'en vouloir si je te retiens encore...

Walan se sentait encore mal à l'aise d'avoir causé cette peine à sa bien aimée. Alors qu'elle tentait vainement de garder contenance et de le laisser partir avec un trait d'humour, il la serra longuement dans ses bras puis l'embrassa dans un baiser qu'il aurait voulu ne jamais voir se terminer.

A regret, il finit néanmoins par s'écarter lentement de sa belle et enfourcha sa monture. Il se pencha une dernière fois pour caresser doucement le visage d'Alyanne.

Je t'écrirai Belle Dame, et tu seras en permanence dans mon cœur et mon esprit. Je t'aime.

Il éperonna le destrier, qui se mit rapidement au trot vers les portes du château. Homme et monture traversèrent le village et s'engagèrent sur la route, jusqu'au sommet de la première colline, bien en vue des portes.

A cet endroit, le seigneur des lances arrêta la course d'Aistulf et se tourna vers Meyrieu. Fixant un moment la silhouette de sa promise avant de reprendre son chemin et de disparaitre derrière la colline.