Livraison urgente.

Et bé...pour une fois qu'un noble n'habitait à l'autre bout du duché, c'était pas dommage comme il aimait à dire...
Les terres de Meyrieu n'étaient pas très éloignée de Vienne, il dut mettre environ deux jours pour faire le voyage depuis Grenoble, ce qui restait bien plus acceptable que se taper 5 jours de route pour se rendre à Crots.

Il menait à bonne allure un attelage couvert d'une toile de lin, juste derrière lui le capitaine de sa mesnie, Landri, engagé récemment et déjà utile...menait à pied un cheval attelé à un étrange affût couvert, lui aussi, d'une grande toile de lin.

Ils arrivèrent enfin en vue du château qui dominait la grand route et la vallée juché sur sa colline, avec un sourire en coin le Seigneur du Bois d'Oingt fit presser le pas à ses deux roncins qui trainaient péniblement la lourde chariote.
Mais Malt et Houblon étaient deux bonnes bêtes et ils ne furent pas contrariant pour forcer l'allure.

Arrivés devant les barbacanes, la flemme aidant, Thib fit un signe à Landri qui s'empressa de se rendre devant la grand porte pour brailler :

Landri a écrit:: Holaaaaa du chateaaauuuuu ! Le Seigneur du Bois d'Oingt est arrivéééééé !!

Il eut un léger sourire, il ne s'était pas vraiment annoncé mais bon...après tout il était vassal de "l'Imprévisible"...autant assumer...

Du haut des tours du castel de Meyrieu, l'attelage n'était pas passé inaperçu, disparaissant de la vue au gré du relief pour réapparaitre un peu plus tard. Lorsque la sentinelle avait été certaine que la destination du cortège était bien Meyrieu et que ce n'était pas l'un des convois relativement fréquents qui empruntait la route, elle avait immédiatement averti Hugues -le capitaine de la garde de Meyrieu-.
Lui même avait prévenu Jehan, l'interrompant dans ses comptes du nombre de toisons provenant des tontes de l'année, si bien qu'à peine le cri d'annonce lancé l'intendant était déjà dehors pour accueillir les visiteurs sous le regard attentif de Hugues et d'une poignée de ses hommes.

Et bien, quel coffre ! commenta l'homme avec un petit sourire bon enfant à celui qui venait de crier avant de s'adresser à lui. Soyez, votre maître et vous, les bienvenus sur les terres de Meyrieu. Je suis Jehan, chargé par mon seigneur Walan de l'intendance de ses fiefs. Puis-je vous demander ce qui vous mène en ces lieux ?

Un homme sortit et se présenta comme l'Intendant du "Sans Repos", Thiberian fit alors un signe de tête à son Capitaine qui retourna jusqu'à l'affut et souleva doucement la toile de lin pour que seul l'Intendant puisse voir...
Le Seigneur du Bois d'Oingt descendit alors de sa chariote avec des courbatures du tonnerre...il se dirigea vers l'Intendant et dit :

Le bonjour à vous Intendant Jehan, je suis Thiberian Baccard, Maistre Armurier du Lyonnais-Dauphiné.
Je viens livrer en personne ses nouveaux au maître des lieux, auriez vous obligeance de le faire quérir je vous prie ?

Observant sous la toile couvrant le contenu de la charette, le sourire de l'intendant s'élargit lorsqu'il comprit de quoi il s'agissait. Il s'inclina légèrement devant Thiberian lorsqu'il se présenta avant de lui répondre.

Je vais aller prévenir mon seigneur immédiatement, je pense qu'il sera heureux de ceci, il a déjà commencé à faire le nécessaire pour que les carriers d'Ancelle préparent des boulets de pierre.
En attendant, je vais vous faire ouvrir les portes afin que vous puissiez mener votre équipage dans la cour, vos hommes et vos bêtes pourront s'y désaltérer à leur gré.

Avec un petit salut poli, Jehan s'éloigna d'un pas vif en direction du donjon après un signe à Hugues pour qu'il fasse ouvrir en grand les larges vantaux de bois clouté pour laisser passer l'attelage.

Les grandes portes ouvertes, Thib remonta sur la carriole de marchandise et suivit tranquillement l'Intendant jusque dans l'enceinte du château.
Ils arrivèrent dans une cour plus vaste qu'il n'y paraissait de l'extérieur de l'enceinte, Thiberian descendit et laissa son capitaine s'occuper des bêtes pendant qu'il parti tirer un seau d'eau du puits pour boire à grande soif et se débarbouiller de toute la poussière accumulée dans sa tignasse durant le voyage.

L'Intendant était partit chercher le Conseiller Militaire et ils ne devraient plus tarder, il se doutais bien que Walan attendait cette livraison avec une certaine impatience...
Une fois qu'il eut bu tout son saoul il prit le relais de Landri et le laissa aller se désaltérer, il mena lui même les bêtes jusqu'à l'abreuvoir et attacha leur licol aux anneaux de fer forgé fixés au mur avant de retourner à l'attelage et l'affût qui attendaient bien sagement.

Il se cala négligemment contre l'une des roues et attendit l'arrive du châtelain...

Quelques instants plus tard, Walan arriva dans la cour accompagné de Jehan. Vêtu d'une tenue à la coupe sobre mais au tissu de qualité, il s'avança d'un pas direct vers Thiberian après un salut cordial à l'intention des hommes du seigneur de Bois d'oingt.

Bienvenue à Meyrieu ! Ainsi donc voici les engins que j'avais demandés ? fit-il avec un léger sourire.

Si tout va bien, une premier chargement de projectiles devrait partir d'Ancelle d'ici quelques jours. Cela permettra de faire des tests dans une quinzaine et je pourrai décider de leur répartition dans mes différents castels.

Je suppose que l'on va pouvoir monter tout ceci en attendant.
Hugues, fit-il avec un léger geste de la main à l'attention de son capitaine, a accepté d'apprendre tout ce qui concerne les armes à poudre et traditionnelles. Je lui ai déjà décrit ce que je savais mais cela ne lui fera pas de mal d'avoir une démonstration et de voir tout cela avec quelqu'un de plus compétent.

Walan descendit enfin et les salua tous cordialement, il était visiblement tout content de recevoir enfin ses jouets, le Maistre Armurier sauta de sa carriole et dit alors :

Content de te voir chez ami ! Bon...passons aux choses sérieuses j'ai pas le temps de glandouiller...

Il ôta la grand toile de lin blanc qui couvrait son chariot et révéla deux énormes malles en osier, trois coffres en bois, deux affûts tripodes, deux pierriers à boîtes sans culasses et deux bricoles pliées.

Bon alors...la malle de dextre contient ton armement, j'ai fais faire un fourreau adapté pour chacune des lames en restant dans ton style habituel, sobre, cuirs noirs et marrons...

La malle de senestre contient ton harnois blanc sur mesure, il faudra ajouter deux sangles longue si tu veux porter la cuirasse sans dossière.
Tu trouvera aussi ta livrée au couleur du Lyonnais-Dauphiné et j'ai pris la liberté de t'en faire faire une dizaine a tes couleurs pour tes hommes et toi.

Les trois coffres en bois contiennent les nécessaire à chaque des pièces d'artillerie moderne, dans les deux pour les pierriers tu trouveras 5 culasses pour chacun. Attention c'est très lourd !
Sinon tu y trouvera des poires à poudres, des tassots et des maillets de bois, des écouvillons pour les nettoyer, etc...

Bon venons en aux bricoles, tes hommes saurons les monter et les utiliser sans soucis, au pire ils se conformerons aux plans fournis.

Venons en à nos deux pierriers...tu remarqueras qu'ils ont été frappés avec tes armes familiales, comme l'exigent les lois de la guerre.
Il peuvent tirer de petit boulets de pierre ou de fonte ou encore des boîtes à mitraille qui ferons des ravages.

Il l'emmena alors vers l'affût mena par Landri et enleva la toile pour révéler une pièce énorme, massive, impressionnante, arborant un gros blason de Meyrieu...

Voila ta bombarde, alors la c'est pareil sauf que pas de mitraille, seulement du bon gros boulet de pierre ou de fonte.
Il faudra être très prudent avec celle ci car la dose de poudre a utiliser pour une bombarde est dix fois plus importante que pour un veuglaire, sinon plus...

L'affût c'est cadeau de la maison pour pouvoir la transporter et les deux bourrins sont déjà deux de tes roncins...tu viendras chercher les autres plus tard à Grenoble...

Il souffla un instant et le regarda bien droit dans les yeux avec un grand sourire avant d'ajouter à la cantonade :

Alors ? heureux ?

Suivant l'exposé avec intérêt, Walan acquiesçait au fur et à mesure de ce que lui montrait le maistre armurier. Ouvrant les malles pour y examiner leur contenu, il dégaina brièvement chacune des armes de la première pour y poser un œil habitué avant de les ranger, puis passa à l'armure dont il évalua rapidement les pièces.
Lorsque vint le tour des coffres de bois, le regard de Sans Repos se fit un peu plus perplexe devant le contenu étrange de ceux-ci, destiné à s'occuper de ces nouvelles armes tonitruantes posées non loin.

Un coup d'œil aux pièces soigneusement rangées des bricoles avant de passer aux pierriers avec un intérêt non feint, puis à la bombarde avec un air qui frôlait presque l'émerveillement.

Bien, très bien.
Comment devrais-je les répartir entre mes fiefs à ton avis ?
Je songeais à garder la bombarde et une bricole ici, à mettre un pierrier à Charpey et le reste à Ancelle.

Thib sourit à l'émerveillement du Conseiller Militaire et écouta ses questions d'un ait songeur...
Il se gratta son menton éternellement mal rasé et dit alors :

Ba...j'ai jamais fait le tour des tes propriétés à vrai dire...faudrait savoir comment c'est agencé.
Mais vu que ce château est en hauteur et que la cour est assez vaste je pense que la bombarde devrait pouvoir se trouver une petite place au chaud dans cette enceinte et faire du gros dégât en cas de siège.
La bricole c'est moins certain mais bon...l'artillerie traditionnelle et moi ça fais deux...ou plus.

Il jeta un œil sur la bombarde qui, si elle ne dépassais pas 1m de hauteur sans l'affût, était assez large pour contenir un enfant roulé en boule et le propulser à 300 mètres...c'était vraiment une belle pièce et son poids était telle que l'affût était énorme et sur 4 roues, si bien que la pièce paraissait petite mais toujours impressionnante.
Il regarda alors le Vicomte et ajouta :

Bon les Pierriers sont des pièces fréquentes mais...chez les artilleurs il est coutume de nommer les pièce d'exception...cette bombarde en est manifestement une !

Il le regarda et attendit sa réponse tranquillement...

Acquiesçant légèrement à la première partie, Walan répondit à mi-voix un "Il va falloir remédier à cela" avant de continuer d'écouter.

Observant la bombarde en même temps que le maistre armurier, il détailla à nouveau l'engin d'un œil toujours aussi intéressé avant de regarder Thiberian un peu surpris.

La nommer ? Je ne connaissais pas cette coutume.
Hum ...

Songeur, Sans Repos réfléchit un moment, pensant visiblement à certains noms avant de les écarter d'un léger geste de la main. Il finit néanmoins apparemment par en retenir un, qu'il prononça plusieurs fois à voix basse pour lui-même -comme pour en jauger la qualité- avant de l'énoncer plus haut.

La Sans Merci ferait-il un nom approprié ? Je crois que le message est clair, et il rappelle à la fois mon cry et mon surnom.