La découverte ...

Alertée de l'arrivée d'un nouveau visiteur, Margaux abandonna la corbeille pleine de linge qu'elle avait dans les bras aux soins de la première domestique qu'elle trouva sur sa route. Elle se dirigea vers la salle de réception puis observa quelques instants au travers de la porte restée entrouverte. Elle aperçut alors un grand jeune homme brun mais dont le visage pourtant charmant lui était inconnu. Un homme d'armes de toute évidence.

Un nouveau milicien ? se dit la jeune fille.

Elle lissa alors ses jupes, prit une petite inspiration avant d'entrer promptement dans la pièce, avec un grand sourire chaleureux sur le visage. Elle se planta devant le visiteur, lui fit une petite révérence en pliant légèrement les genoux et lui lança, en prenant garde à bien surveiller son langage, comme le lui avait enseigné sa maîtresse :

Bonjour Messire ! Bienvenue au château des Roches, le coeur du domaine du Baron et de la Baronne de Maubec. Je me nomme Margaux. A votre service Messire. Je vais de ce pas informer les maîtres des lieux de votre arrivée. Mais avant, puis-je vous apporter quelque collation ou rafraîchissement ?

Walan était en train de se demander s'il n'allait pas pouvoir procéder à quelques expériences sur l'écho, calculer combien de temps mettrait son cri à lui revenir et autres joyeusetés du même genre lorsqu'il vit s'approcher une jeune femme qui devait être la gouvernante.
Lorsque celle-ci lui fit la révérence, le soldat ne pu s'empêcher de faire une grimace : Non non ... pas besoin ... commença-t-il avant d'être interrompu par dénommée Margaux qui semblait imperturbable dans sa mission d'accueil.
Lorsqu'elle eut fini, il lui fit un petit sourire avant de répondre un peu gêné :

D'abord laissez tomber le "messire", je n'ai aucun titre. Et euh … je veux bien un peu d'eau, mais je peux très bien aller la chercher moi-même si vous me dites où se trouve le puits …

Margaux ouvrit de grands yeux, son visage se fendit d'un large sourire puis elle mit sa main devant sa bouche, alors qu'elle se retenait de pouffer de rire.

On dirait que vous ne connaissez pas le baron et surtout la baronne, vous... Etes vous un mercenaire de passage qui cherche quelques travaux guerriers à accomplir ? demanda la jeune suivante, persuadée qu'il s'agissait là d'un visiteur inconnu.

Si madame vous voyait aller au puit, je me ferai renvoyer sur le champ. Aussi restez ici, je vous en prie. Installez-vous pendant que je vais vous chercher de quoi étancher votre soif. Ensuite j'irai prévenir mon maître de votre arrivée, peut-être se trouvera-t-il intéressé par vos services. Quel nom dois-je lui annoncer ?

Walan fait une petite moue lorsque la jeune femme semble se retenir de rire, se demandant s'il doit se sentir vexer, idiot ou juste ridicule, puis un demi-sourire apparaît sur son visage lorsqu'il entend dire qu'il ne doit pas connaître les Maubecs et être mercenaire. Il répond avec un ton amusé mais a l'air un peu gêné de devoir contredire Margaux.

Hem … à vrai dire je connais la baronne depuis un certain temps … elle ne devait pas avoir de titres quand nous nous sommes rencontrés me semble-t-il …
Et je ne suis pas mercenaire, juste un simple soldat de l'Ost.

Ne laissant pas le temps à la suivante de s'excuser ou faire quoique se soit d'autre, il continue :

Vous n'avez qu'à annoncer Walan à votre maître. Walan tout court, pas de "Messire" de "de quelque chose", juste Walan s'il vous plaît.

Oh...

A l'annonce du nom du jeune homme, Margaux se rendit compte de sa méprise. Walan... ce nom lui était familier. Un ami dont le baron et la baronne parlaient souvent. Elle devint alors toute rouge, mit les mains sur sa bouche avant de se confondre en excuses.

Je suis vraiment confuse. Excusez moi, je n'avais pas compris qui vous étiez... Vraiment, je suis navrée.

Elle s'inclina furtivement, comme pour appuyer ses excuses et s'en alla prestement vers la porte, presque en fuite. Avant de disparaître derrière, elle se retourna et dit :

Je vous apporte tout de suite à quelque chose à boire et vais faire quérir mes maîtres. Je reviens. Mettez-vous à votre aise.

Quelques minutes plus tard, le baron descendit l'escalier central et fut surpris de voir en contrebas un visage familier.

Tiens mon jeune ami, quelle surprise ! Je suis très heureux de te voir au château des Roches. Tu es là depuis longtemps ? Décidément cette Marguaux n'en fait qu'à sa tête, ce n'est pourtant pas compliqué d'avertir de la venue d'un visiteur, surtout qu'il n'y a jamais foule en dehors des jours de fête. Enfin bref.
Que nous vaut l'honneur de ta visite dis-moi ? Tu venais voir Freyelda ou avais-tu un but précis autre ?

Walan, perdu dans ses pensées, n'avait pas remarqué le propriétaire des lieux avant que celui-ci ne lui adresse la parole. Lorsque Alynerion arriva à sa hauteur, il inclina légèrement le torse avant de prendre la parole.

Bonjour Baron.
N'en veuillez pas à votre servante, elle est juste allé me chercher de quoi me désaltérer avant de vous faire prévenir ... Je l'aurai bien fait moi-même mais elle a insisté.
Vous avez deviné le but de ma visite, je viens voir comment ce porte votre Dame avant mon départ. Je ne sais pas combien de temps je serai absent ...

... mais je pense que la prochaine fois que je viendrai par ici les Maubecs seront trois termina Walan avec un petit sourire.

Oulà mais tu es un ami de la famille, voyons, pas de protocole, de baron, de révérence. Tu es ici chez toi, comme un des notres.
Tu trouveras Frey à l'étage, normalement. Marguaux va te conduire, pour ma part, je dois partir pour Lyon. Bonne journée à toi, Walan.

Walan sourit quand le Baron lui dit de ne pas faire de protocole, même s'il en est un peu gêné.

Et bien, bonne journée aussi Alynerion. Et bonne route.

Le soldat regarde le futur père sortir et se rassoit sur l'escalier en attendant que la gouvernante revienne.

Margaux fut un peu surprise en voyant Walan assis sur les marches de l'escalier. Un bien étrange visiteur que celui-ci. Mais cela faisait plaisir à Margaux qui se sentait plus à l'aise ainsi qu'en présence des gens importants.

La baronne vous attend à l'étage. Si vous voulez bien me suivre.

Walan se leva en voyant la jeune femme arriver puis lui sourit lorsqu'elle lui demanda de la suivre.

Avec plaisir, montez moi le chemin.

Ce ne fut pas Margaux mais la baronne elle-même qui descendit accueillir la première son ami Walan. Elle était heureuse de le revoir enfin, après tant de semaines d'absence et dans un cadre moins agité et plus chaleureux que celui des rues de Vienne, après un duel.

Lorsqu'elle entra dans la pièce, elle lui fit un grand sourire. Elle lui aurait volontiers donner une petite accolade cependant quelqu'un occupait déjà le creux de ses bras, à savoir une ravissante blondinette de quelques mois à peine.

Bonjour Walan ! Quel plaisir de te voir enfin de retour ici !!! Tu as de la chance. Lorsqu'on m'a prévenue de ton arrivée, je suis allée voir si Aliénor dormait. Or il se trouve que non. Aussi te l'ai-je amenée pour que tu puisses enfin faire la connaissance de notre petite miraculée.

Walan, cher ami, je te présente Aliénor d'Avencourt, la petite princesse de ces lieux. Hi hi hi.

Elle pencha la tête en direction de sa fille et lui chuchota.

Aliénor, mon petit ange, je te présente Walan. Ton père et moi t'en avons beaucoup parlé. Fais-lui donc un beau sourire pour lui souhaiter la bienvenue.

Le visage de Walan s'éclaira à la vue de son amie et de sa fille.

Bonjour Frey, c'est aussi un plaisir d'être revenu et de vous retrouver tous.

Lorsque la jeune mère lui présenta sa fille, Walan sourit de plus belle et s'inclina un peu vers elle. Il doutait que la petite s'en rende compte, occupée qu'elle était à essayer de saisir une mèche de cheveux de sa mère.
Il lui dit à voix basse après les paroles de sa mère.

Bonjour à toi princesse, je suis ravi de te rencontrer enfin.

Une étincelle apparut dans ses yeux lorsque la petite lui sourit et se mit à rire
Il tendit son index pour caresser doucement la joue d'Aliénor, tout en se tournant vers Freyelda.

C'est une très jolie petite fille que vous avez, Aly et toi.

Il regarda encore la petite frimousse puis déclara.

Elle te ressemble beaucoup.

Tu trouves qu'elle me ressemble ? Ah je ne sais pas... elle est tellement jolie... J'ai du coup plutôt tendance à lui trouver des ressemblances avec son père mais tout le monde me dit que je ne suis pas du tout objective. Et là dessus, je plaide entièrement coupable. Hi hi hi.

Elle observa sa fille quelques instants, souriant en la voyant se saisir du doigt de Walan.

Je comprends enfin le sens de cette phrase. "Les enfants sont un véritable cadeau du ciel." C'est tellement vrai. Oh Walan si tu savais comme nous l'aimons cette enfant. Un amour inconditionnel et immédiat. Vraiment. Je souhaite à tout le monde de connaître un jour ce bonheur. Je ne crois pas avoir été jamais plus heureuse que depuis qu'Aliénor est née. Voir ainsi se concrétiser l'amour que nous nous portons Alynerion et moi... c'est une vraie bénédiction. Je te souhaite de tout coeur de connaître cela un jour à ton tour mon ami.

Walan eut un grand sourire lorsque la petite fille se saisit de son doigt en riant.

Elle est adorable fit-il en commentaire avant que Freyelda ne prenne la parole.

Il l'écouta en souriant mais ne pu s'empêcher de lâcher un soupir.

Je te crois Frey, et je ne désespère pas, mais encore faudrait-il trouver une mère ...
Mais pour le moment, je suis venu présenter mes respects à l'héritière d'Avencourt continua-t-il en chatouillant un peu Aliénor, et je dois avouer que je ne suis vraiment pas déçu.

Tu n'es manifestement pas le seul à être enchanté par cette rencontre, dit Freyelda en jetant un regard attendri à sa fille. Celle-ci tenait toujours fermement le doigt de Walan dans sa petite main et tendait maintenant son autre main en direction du soldat en babillant de contentement.

En voyant la petite main tendue vers lui, Walan donna son deuxième index en pâture à l'adorable petit ange en souriant.

Puis se confia à son amie.

Je dois t'avouer que j'étais un peu nerveux à l'idée de la voir. Je me demandait comment elle allait réagir en me voyant.
Mais je suis rassuré maintenant ajouta-t-il avec un clin d'oeil à Freyelda.

Le Baron entra tranquillement à Maubec après une longue journée de travail. Entendant les bruits d'une conversation, il se fit discret, écoutant depuis la pièce voisine : certaines personnes n'étaient pas les bienvenues au château des Roches et après une journée difficile, il n'était pas d'humeur. Son épouse était présente, c'était incontestable, leur fille également à en croire certains petits bruits ou autres brayements... puis la voix d'un homme... mais familière, Walan pour sûr.

Je dois t'avouer que j'étais un peu nerveux à l'idée de la voir. Je me demandait comment elle allait réagir en me voyant.

Le Baron entra alors dans la pièce, tandis que le jeune homme lui tournait le dos.

J'espèrais bien que ma fille ait cette réaction en revanche, car Freyelda et moi aimerions que tu sois son parrain. Il aurait été regrettable qu'elle ne t'adopte pas mais heureusement ce n'est pas le cas et cela me conforte dans ma décision. Qu'en dis-tu ?

Walan eut un léger mouvement de surprise lorsque le Baron prit la parole. Il dégagea délicatement l'un de ses doigts des mains d'Aliénor pour pouvoir se tourner vers Alynerion.
Les yeux du soldat s'écarquillèrent de surprise lorsqu'il entendit la proposition.

Moi ? Son parrain ? Ce serait magnifique.
Si c'est ce que vous souhaitez j'accepte avec une très grande joie et un immense honneur.

Amusé par la surprise de Walan lorsqu'il entendit le Baron derrière lui lui faire une telle proposition, il était d'autant plus satisfait de sa réponse.

Qu'il en soit ainsi alors. Notre petite Aliénor n'ayant point encore été bénie par Aristote, il me semblait plus qu'important que notre fille ait un parrain au cas où ils nous arriveraient malheur. Ton nom s'est naturellement imposé, tu es un homme et un ami loyal, nous savons que tu prendrais soin d'elle comme ta propre enfant. Bienvenue dans la famille !